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Des effets de la Decauxisation sur la censure des moyens d’expression.

lundi 24 avril 2006, par François Rygaert (aka Suske)

L’affaire date de deux mois. Son souvenir me revient car les listes de discussions de cyclistes abordent ces derniers jours la mise en place d’un système Vélo’V à Bruxelles.

En gros, il s’agit de mettre à disposition des bruxellois un grand nombre de vélos [1]. Pour en apprendre davantage sur les modalités exactes, il faudra chercher ailleurs en attendant que "Struggle for Bike" (pub ;-) ) se saisisse de la question, par exemple.

Quoiqu’il en soit, tout ça a un coût et, bien entendu, il ne faut pas que cela se voie dans les comptes des pouvoirs publics. Donc, il s’agit de céder une concession à une société qui se rétribuera par ailleurs. Par exemple, en diffusant de la pub. Vous en connaissez une ? Disons que cette société est désormais très présente dans toutes les grandes villes et ailleurs. Elle les décore de publicités en échange de ce qu’il est coutume d’appeler du "mobilier urbain". Cela, c’est le cadre. Venons-en à notre "affaire" [2].

Si la pub génère de telles masses financières, c’est parce qu’elle fonctionne, ne l’oublions pas. Par ailleurs, l’affichage est un mode d’expression qui date du stade foetal de la démocratisation de l’Europe. Sensible à cette question, la commune de Saint-Gilles (Bruxelles) a donc inclus une sorte de protocole avec son gestionnaire d’abribus : un affichage culturel et d’intérêt général est possible dans une faible mesure sur les dispositifs de la société. Des gens-ki-dize-non-a-tou (probablement) viennent de faire l’expérience de ce magnifique apport à l’expression démocratique...

En résumé, on a d’un côté des artistes qui ont un point de vue non-consensuel sur la société. Ils organisent une exposition et prévoient des affiches pour l’annoncer. Ces affiches sont des pastiches (détournement d’une affiche existante).

D’un autre côté, on a la société d’abribus qui place les affiches mais fâche de ce fait la société pastichée. Hors celle-ci est une cli€nt€ qui n’agit pas dans le cadre d’un droit à l’affichage culturel mais qui pay€. Sensible à cet aspect des choses, la société d’abribus retire les affiches - sans préavis.

Au centre, l’autorité communale est appelée à prendre position et... donne raison à la censure. Voilà, c’est tout et c’est simple.

En principe, ce genre de conflit se traite devant un tribunal. On a sans doute voulu éviter des frais d’avocats à des artistes peu friqués. La censure a donc été demandée par un responsable communication, appliquée par un directeur de l’affichage et validée par un bourgmestre empêché.

Ma conclusion : entre autres désagréments, la Decauxisation des villes a tout pour inquiéter les démocrates. Il ne s’agit bien entendu que d’un de ses aspects mineurs. Mais à l’heure où l’on se gausse tant des profondes qualités démocratiques de nos sociétés, il me semble ouvrir des perspectives de réflexion tout à fait nouvelles.

Je vous laisse ci-dessous un lien "peu objectif" (il n’émane pas d’une société cotée en bourse) qui vous permettra de débuter votre recherche "web" à propos de cette réflexion.

https://www.readability.com/articles/iuc9lsca
ARTS NUMERIQUES : CENSURES POLITIQUES LORS DE L’EXPOSITION A(RT)CTIVISME AU CENTRE CULTUREL JACQUES FRANCK

Voir en ligne : Censures politiques lors de l’exposition a(rt)ctivisme au Centre Culturel Jacques Franck


[1Qui a dit : "Il ne va pas se mettre à râler pour des choses aussi positives quand même" ?

[2La suite de ce billet est largement inspirée d’un message déposé par votre serviteur sur un forum du site rebellyon.info...

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