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Loi française, déontologie journalistique belge.
vendredi 27 avril 2007, par
Dans la série, la Loi est une chose que la déontologie de la presse interprète à sa main, on a eu droit dimanche dernier à un beau sujet de réflexion. Alors que les médias français se sont abstenus de transgresser l’interdiction de publier avant 20 heures les estimations de résultats du premier tour de l’élection présidentielle, des médias belges ne se sont pas privés d’organiser des flashes spéciaux dès les 18h30.
Logiquement, le législateur français, comme le belge d’ailleurs, a prévu l’interdiction de publier tout résultat et toute estimation de résultats AVANT la fin d’un scrutin. Cela me semble logique et plein de bon sens. Au minimum, il s’agit de ne pas influencer les derniers électeurs... Evidemment ces dispositions ne s’appliquent formellement que dans les territoires concernés...
A ma connaissance, jusqu’à dimanche dernier, la déontologie journalistique voulait que les médias des voisins respectent néanmoins cette règle. Logique encore : on les capte depuis longtemps sans problème par les ondes dans les régions frontalières et depuis quelques années, on peut également les écouter en direct dans le monde entier par la magie d’internet.
Depuis dimanche, c’est fini. Les derniers électeurs français ont eu tout le loisir d’écouter à leur aise les premières estimations publiées vers 18h30 sur les web-radios (par exemple de la RTBf), puis d’aller voter et de revenir chez eux bien avant 20h.
Je suppose que "la nécessité de faire face à la concurrence" a dû peser dans le choix des rédactions concernées. En agissant de la sorte, elles ont en tout état de cause supprimé le sens même de cette Loi. Malgré sa justification et son intérêt évident.
On pourra glauser longuement sur la nécessité d’uniformiser les législations européennes ou encore voir s’il ne se trouvera pas un juge français qui lancerait une instruction sur la question avec mandat d’arrêt européen à l’appui. Je trouverais ça assez justifié, pour peu que des éléments juridiques le permettent.
Quoiqu’il en soit, la faute morale me paraît importante et je ne vois pas bien quels arguments autres que fumeux pourraient la justifier. Les estimations publiées en fin d’après-midi en Belgique [1] étaient annoncées basées sur des sondages "sortie des urnes". La diffusion des résultats de ces sondages était interdite avant 20 heures. Il y a forcément eu délit, non ? On me dira que de toutes façons les internautes auraient pu trouver les infos sur un site quelconque... Cela ne change rien à la faute.
Et à ce compte-là il est temps de légaliser le blanchiment d’argent : si on ne le fait pas, les blanchisseurs le feront de toutes façons ailleurs. Et puis supprimons le mot "morale" des dictionnaires, il ne résiste pas aux usages du web.
Le temps est peut-être venu de confier la déontologie journalistique à une instance indépendante des "grands médias". Il ne me semble pas que les services internes apportent toute la réflexion nécessaire...
[1] Je ne me souviens plus des chiffres mais, pour partielles et approximatives qu’elles aient été, elles indiquaient correctement les positions des 4 premiers candidats.
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