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RAS - Nucléaire, rien à signaler
vendredi 22 mai 2009, par
C’est le titre d’un documentaire présenté récemment sur la RTBf et sur Arte. Une approche originale de la question : l’auteur s’est mis en quête du vécu de ces travailleurs de l’ombre que sont les techniciens de centrale nucléaire, décontamineurs et autres.
Travailleurs de l’ombre ? Problématique à mettre au grand jour ! Et vite...
Il est de bon ton désormais, "quand on ne fait pas d’idéologie" (sic), de relativiser fortement les dangers mortels du nucléaire, tout particulièrement en regard de la problématique climatique... Le nucléaire serait une alternative, une solution ? Mais à quoi ? Pour combien de temps ? A quel prix ?
La bande annonce du documentaire se trouve sur Youtube...
Je me rappelle de mon directeur qui me disait : "Ah mais maintenant on va passer d’un risque zéro à un risque calculé...". [1]
Moi qui suis "contre", depuis toujours, et pour longtemps encore je le crains, j’ai découvert une mise en perspective dont l’abime me glace les sangs... Démarrée dans l’esprit d’un service public et dans un contexte d’utopie du progrès et de l’énergie sans limites, voici 40 ans, l’industrie nucléaire est désormais la chasse gardée d’entreprises privées. Et l’augmentation des bénéfices signifie là comme ailleurs : diminution des coûts, précarisation du travail, pression au "rendement"...
Résultat : on ne cherche plus à supprimer le risque, ce qui est déjà impossible. On le "gère"...
Je pense qu’ils oublient qu’on travaille dans une société nucléaire et que le risque calculé ne peut pas exister...
Diminuer la vigilance dans l’estimation du risque nucléaire, c’est criminel. C’est pourtant bien ce qui se passe.
Dans le même temps, à prétexte d’émissions "zéro" en matière de CO2, le lobby nucléaire écrase la société de "communications" publicitaires vantant les vertus vertes de l’électricité ainsi produite. A toutes heures du jour et de la nuit à la TV. Sur les affiches, à la radio, dans les magazines,...
Ce documentaire de salubrité publique a lui obtenu deux programmations "fin de soirée". Noyées, invisibles.
Je laisse à Alain de Halleux, le réalisateur, la conclusion de ce billet, tirée d’une intervieuw mise en ligne par IOTA productions et qui vaut la lecture...
(...) en juillet 2006, j’ai entendu à la radio qu’une centrale nucléaire avait failli exploser en Suède. Suite à une déficience du système, ils étaient passés à sept minutes de la fusion nucléaire. Quelque jours plus tôt, j’avais justement regardé un reportage sur Tchernobyl, où l’on expliquait qu’il avait fallu 800.000 personnes pour décontaminer la zone, éteindre l’incendie, etc. Soudain, j’ai réalisé que si ça avait explosé en Suède, personne ne serait intervenu. Tchernobyl fut une énorme catastrophe, mais ça aurait pu être bien pire. Si le cœur du réacteur n’avait pas été refroidi par des mineurs ukrainiens, il y aurait eu une explosion dans un rayon de 100 kilomètres. Si ça avait explosé en Suède, tout le monde serait parti, parce que l’on n’est pas dans un monde communiste tel que celui de l’époque de Tchernobyl. Là, on aurait vraiment connu une monstrueuse catastrophe.
Tiens, vous iriez jeter du ciment sur un réacteur en fusion vous ? Moi je reste "contre". Heureusement qu’il me reste l’idéologie...
[1] Les intertitres sont la retranscription de paroles d’un travailleur, entendues dans la bande annonce
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Messages
13 janvier 2010, 18:48, par DUBOUT
A la suite de RAS d’Alain, je vous annonce la parution de mon livre : "je suis décontamineur dans le nucléaire", à lire absolument...
Pour plus d’infos voir le site : ledecontamineur.com
Cordialement