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Avec Cyclocity, les Bruxellois sont-ils en train de se faire rouler ?
vendredi 11 août 2006, par
La ville et la région de Bruxelles escomptent ouvrir dès septembre un partenariat public-privé afin d’offrir un service de location de vélo qui comprenne plusieurs stations où l’on peut prendre ou déposer un vélo. Bourré de technologies et d’intentions bassement marchandes, ce projet est inspiré du Lyonnais Vélo’V.
Je ne peux que vous conseiller la lecture de cet article qui résume efficacement le topo d’un point de vue belge et indépendant. Il est issu de la plume de François Schreuer.
A lire ici :
Avec Cyclocity, les Bruxellois sont-ils en train de se faire rouler ?
Par Fr. Schreuer
Mes réflexions suivent.
Un gadget politique n’est pas une mesure en faveur du vélo utilitaire. On y met le vélo en vitrine d’une politique d’im-mobilité.
Je pense qu’il s’agit, comme résumé dans l’article, d’une -peu laborieuse- tentative de rattraper d’un coup de pédalier politiquement très "hype" (et privé et publicitaire) une non-politique de mobilité de la part de la ville de Bruxelles, et de deux autres mayeurats socialistes en particulier qui font si peu pour le vélo, et d’une région présidée par le même parti qui ne fait rien de très structurel à l’encontre de l’auto souveraine. Et même d’un ministre régional de la mobilité qui excèle plus dans l’instauration de son image alter-mobile que dans la négociation des aménagements proprement dits, alors qu’ils sont tous attendus de longue date.
Donc, même si au début j’ai souri à l’initiative du Cyclocity qui me semblait intéressante (elle l’eût été un peu plus si on ne parlait pas que de 250 petits vélos publicitaires), c’est bien en creusant un peu comme le fait François dans cet article, que je me rends compte de l’enjeu et de la décevante position de nos décideurs.
J’étais de passage à Lyon fin Juillet. Je n’ai pas eu le temps malheureusement d’essayer le système par moi même (il faut dire aussi que je me voyais mal déposer une caution par carte de crédit interposée, n’en disposant pas moi-même comme tout citoyen belge de classe "moy-inf" ou "inférieure" tout court - encore une preuve du malfondé social de ce faux service public que Bruxelles s’apprête à cofinancer).
J’ai par contre constaté non sans joie que beaucoup de vélos circulent à Lyon, et on peut dire sans trop se tromper qu’un sur deux est un Vélo’V. Géniaaaal ! Si ce n’est : L’infrastucture routière n’a pas du tout été adaptée, condition première de la migration modale dans la paix des usagers. La voiture a toujours autant sa place et le fait savoir, depuis que se concentrent les push-groups automobiles qui arrivent même à renforcer la sévérité des policiers envers tous les cyclistes. Les revers infligés dans le débat public de la cyclo-mobilité sont cinglants. Et pourtant là-bas c’est une volonté d’affiche de la part du Maire, et Decaux y a bien mieux délié sa bourse car on parle de 2500 vélos.
Petit peuple, petites idées. A Bruxelles, rien ne vaut quelques précieuses minutes télévisuelles favorables pour un candidat à sa réélection ; Cyclocity me semble relever de cet usage.
Donc je m’y oppose, et suggère : La réévaluation du projet, mais surtout des avenants et contrats avec les couvreurs publicitaires ; Un appel d’offres plus large si la décision ultime reste de confier Cyclocity à un opérateur privé ; évaluer en quoi la ville et la région, en une exceptionelle collaboration, seraient empêchés de financer elles-même un tel système, séparément du privé ; Un projet, cette fois, étudié par et pour notre ville.
Pourquoi ne pense-t-on pas à la conversion de vélos usagés par une entreprise sociale ? A louer à la demi-journée, au mois, à l’heure... ou même à revendre pour un usage permanent... Avec du matériel adapté au relief accidenté de la ville, et non des vélos de pays plat. Bruxelles n’est pas si étalée que cela, deux ou trois stations-ateliers seraient réalisables... Un succès avéré en permettrait l’extension à des stations gérées par des travailleurs en chair et en os. Je me souviens avoir utilisé de la sorte des vélos communaux à Oostende, gratuits pour tous, et cela n’avait pas l’air tellement compliqué. Le parc des vélos était disparate et chaque taille y trouvait place, constitué sans aucun doute grâce à la récupération.
Mais pourquoi la gauche officielle Bruxelloise réfléchit-elle comme un parti libéral, s’adresse-t-elle au privé, opère-t-elle uniquement (automatiquement dans ce cas-ci) avec les acteurs du grand libéralisme tel JC Decaux ?
Posons-lui la question, et qu’elle se la pose en interne aussi, pourquoi a-t-elle tellement peur de gérer publiquement le bien public ? Pourquoi est-elle incapable de proposer ce qui est socialement et environnementalement novateur ? Pourquoi ne plus vouloir créer du bien public ? Par peur de mal le gérer ? Dans ce cas, cet art de l’esquive ne s’appelle plus "politique".
Liévin CHEMIN
En complément de lecture, l’expérience Lyonnaise vue d’un site alternatif : http://rebellyon.info/article1681.html
http://rebellyon.info/article1571.html
entre autres.
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